La réalité n'est pas toujours celle que l'on croit ou celle que certains essaient de nous faire croire...
Journal de bord de Maud, enseignante en CFA, qui n’a jamais porté de masque
Journal de bord de Maud, enseignante en CFA, qui n’a jamais porté de masque

Journal de bord de Maud, enseignante en CFA, qui n’a jamais porté de masque

23 juin 2021 |

Maud est enseignante en CFA (Centre de Formation d’Apprentis) dans l’Oise et elle a une particularité : elle n’a jamais porté de masque ! Cela lui a valu bien des pressions de la part de sa hiérarchie et de ses collègues. Il en a également découlé des situations rocambolesques… Voici son journal de bord !

Bonjour, tout d’abord merci de prendre le temps d’écouter ma petite histoire. Alors, je suis une petite prof de maths-sciences dans un CFA du BTP dans l’Oise, le département du début de l’invasion ! Je suis une ancienne de l’industrie et j’ai effectué une reconversion en 2010, car même si j’adorais mon métier et les projets que je menais, j’avais du mal à accepter qu’être une femme avec du caractère et des résultats très appréciés des clients ne me permettait pas d’être reconnue… Les hommes grimpaient et moi non… Je ne suis pas carriériste du tout, mais il y a des limites. Alors, j’ai quitté le domaine de l’industrie pour entrer dans l’Education nationale. J’avais déjà enseigné pendant mes études et cela m’avait beaucoup plu alors j’ai tenté ! J’ai d’abord été prof de technologie contractuel en collège, puis je suis devenue professeur des écoles. Et on recommence, je ne voulais pas entrer dans le moule… Alors, je suis partie pour l’enseignement privé comme prof de maths-sciences et je m’éclatais jusqu’à mars 2020… Et là rien ne va plus. Tout d’abord avec les villes « clusters » de mon département, j’habite à dix kilomètres à vol d’oiseau de la base de Creil. Mais mon établissement ainsi que ceux de mes enfants n’étaient pas concernés au début et puis boom… toutes les écoles de l’Oise ferment… et puis arrive le confinement national.

Mars 2020 : premier confinement

 

« Ce fut une évidence, on nous prenait pour les plus idiots qui soient »

Je l’ai vraiment très mal vécu ! Je l’avais vu arriver avec toutes les incohérences dans les annonces des instances gouvernementales… Tout d’abord cette histoire de masque… Je ne comprenais pas que les gens en réclament, car scientifiquement aucune preuve n’existe quant à l’efficacité d’un tel dispositif pour protéger d’un virus des voies respiratoires. Car on peut dire ce que l’on veut « on » savait déjà bien des choses sur ce virus. Et cette comparaison faite avec les Asiatiques qui portent pour beaucoup un masque, mais quel rapport ? Ils le portent en ville pour se protéger des particules fines dues à la pollution. On nous dit que c’est en période d’épidémies mais c’est étrange, ils étaient « victimes » des mêmes que nous en temps normal et dans les mêmes proportions, alors même que chez nous le masque n’était pas démocratisé. Je résume évidemment, car on pourrait y passer des heures ou plutôt des jours… On a aussi commencé à nous dire que si l’on n’était pas expert on n’avait pas notre mot à dire, car nous étions ignorants. Est-ce une plaisanterie ? J’enseigne les maths et la physique-chimie, mais suis-je une grande mathématicienne ? Fais-je de la recherche fondamentale en physique quantique ? Non ! Et pourtant j’ai de nombreuses connaissances qui me permettent de comprendre bien des choses et surtout d’analyser si on me prend pour une idiote ou pas. Et là, ce fut une évidence, on nous prenait pour les plus idiots qui soient… C’est la première chose que je n’ai pas acceptée. Ensuite, on nous empêchés de nous voir avec notre famille, nos amis, mes élèves, mes collègues et j’en passe ! Mais de quel droit ? Et pour quel motif valable et vérifiable ? Aucun ! Je me suis mise en colère, j’étais tendue à la maison. Nous nous retrouvions avec mon conjoint, mon fils qui venait d’avoir douze ans en 6e, ma fille qui allait en avoir six en dernière année de maternelle, nos trois chiens et le chat à tourner en rond dans notre belle et grande maison avec un grand jardin… Ce n’était pas les vacances ! C’était de l’assignation à résidence ! Plus de danse pour ma fille, plus de balades à cheval pour mes enfants et moi, les travaux de la maison bloqués car magasins fermés, pas de Pâques au bord de la mer avec mes parents, pas d’anniversaire avec ses copains pour ma fille, alors même que tout était organisé… La liste est évidemment loin d’être exhaustive… Et on a osé nous dire que c’était un mal pour un bien, que c’était pour protéger nos « vieux », pour soulager nos hôpitaux et j’en passe ! Mais quelle ineptie ! En agissant ainsi, notre cher gouvernement si empathique a réussi son coup ! Je leur tire mon chapeau ! Ils savaient que notre moral baisserait. Ils savaient que nous ne pourrions qu’obéir faute de moyens financiers viables pour encaisser les amendes. Ils savaient que la majorité des citoyens faisaient confiance aux médias et encore une fois j’en passe… Alors, oui, je pense que c’est leur coup d’éclat ! Cela faisait quelques années que je voyais que rien ne tournait plus bien rond sur le plan économique. Je me renseignais donc dans des médias parallèles et j’ai donc continué à le faire sur les plans scientifique et médical. J’ai découvert tant de nouvelles choses ! J’ai confirmé les mensonges qui nous été faits et j’ai réellement commencé à avoir peur pour l’avenir de mes enfants, de mes élèves, les dernières années de mes parents qui seraient sous contrainte… Et je me suis remémoré ce que me racontaient mes grands-parents maternels qui venaient de Lille et sa région et avaient été de bons résistants. C’était toujours difficile de savoir, car les souvenirs n’étaient pas beaux et mon grand-père préférait me dire : « Tu sais ma petite fille, maintenant la vie est belle, c’est le principal ». Mais non la vie n’était plus belle… Alors j’ai repris ma vie en main, je me suis lancée dans le potager pour faire plaisir à ma fille, j’ai relancé mes élèves pour leur formation à distance et là, ce fut un nouvel échec.

Mes élèves étant en alternance dans le BTP, leur patron les gardait car pour la plupart ils avaient le droit de travailler, d’autres n’avaient pas les moyens matériels pour travailler à distance et la plupart étaient décrocheurs… Car oui, des apprentis en CAP en alternance dans le BTP n’aiment pas l’école. Et ce que je faisais tous les jours en face d’eux pour les ramener vers l’envie d’apprendre et de comprendre n’était plus… Je les ai perdus. Certains m’ont répondu, pour d’autres c’était leurs parents, d’autres n’ont jamais communiqué en deux mois de temps… Et au final, rien ! Le retard était pris. Mon établissement ne nous avait pas fourni les moyens matériels pour travailler, aucune plateforme si ce n’est un site de partage des cours sur Google et une boîte mail. Les devoirs que je recevais, je les corrigeais sur Paint ou sur Adobe, je prenais le temps de tout expliquer, j’écrivais des mails à rallonge… Et tout cela pour quoi ? Ils avaient décroché. Certains me l’ont avoué et d’autres ont fait profil bas. Certains m’ont avoué ne pas comprendre pourquoi tout cela pour si peu… Mes apprentis ont perdu beaucoup de temps qu’ils ne rattraperont jamais et, surtout, ils ont perdu le peu de confiance en la société qu’il leur restait. Quant à moi, j’ai déprimé, j’étais d’une humeur massacrante, j’en voulais à la Terre entière d’oser mentir ainsi et de manière aussi effrontée sans aucun scrupule. J’en étais arrivée à détester ma maison, à être sans arrêt en colère après mes enfants qui n’avaient pourtant rien demandé, à me disputer sans cesse avec leur papa qui pourtant vivait la même chose que moi… Je n’ai jamais réussi à accepter et à prendre du recul. D’autant que durant ce confinement, étant déléguée du personnel, j’ai dû accepter des modalités de reprise des cours qui allaient contre mes convictions personnelles sous le principe qu’un conseil scientifique constitué de gens véreux avait décidé que la vie ne reprendrait jamais, qu’on devait porter des masques et surtout ne plus se voir tous ensemble… Ce fut la goutte d’eau de trop…

Mai 2020 : reprise des cours en présentiel

 

« A ce moment que j’ai compris que rien n’irait plus comme avant car leurs agissements avaient un but »

Depuis le début, je n’évoque que des choses négatives et j’en suis désolée, ce n’est pas moi… Toute cette histoire du Covid nous a tellement changés… Je vais essayer de faire simple, mais je vous assure que ce fut le début d’un sketch magistral digne des Inconnus… Etant déléguée du personnel de mon établissement, j’ai dû participer à l’organisation de la reprise. Il a d’abord fallu attendre que les ministères de l’Education nationale (nous sommes centre de formation accueillant des jeunes) et celui du Travail (nos jeunes sont en alternance) se décident enfin à imaginer leurs protocoles sanitaires pour la reprise. Oh, ils en ont de l’imagination ! quatre mètres carrés par personne, un mètre dans toutes les directions, des flèches partout, ne pas se toucher, mettre un masque, manger loin les uns des autres, plus de café à la machine, plus de frigo pour garder sa gamelle du midi… Tellement d’inepties ! Quand on nous disait dès le début que c’était une situation inédite et donc compliquée, je voulais leur crier qu’ils étaient formés pour cela et complétement incompétents. Et aujourd’hui c’est pire ! Ils sont en réalité très bons dans ce qu’ils ont fait ! Ils nous ont éloignés les uns des autres. Ils ont mis dans la tête des gens qu’être proche physiquement était dangereux, ils ont baptisé cela « la distanciation sociale », mais quel gros mot ! Je pense que c’est à ce moment que j’ai compris que rien n’irait plus comme avant, car leurs agissements avaient un but. C’est aussi à cette période que je suis, paraît-il, devenue une véritable complotiste… J’ai même dû couper les ponts avec des amis de longue date qui étaient incapables d’admettre qu’un gouvernement puisse ne pas nous vouloir que du bien… Moi qui n’abandonne jamais j’ai dû renoncer, avec tant de regrets… Alors ok, je fais partie de ceux qui ont besoin de preuves, de démonstrations cohérentes. Ce doit être une déformation professionnelle, ce qui m’a permis, quand certains médicaments ont été interdits, qu’on a dit aux gens malades de rester chez eux et interdit aux médecins de soigner, de m’interroger et de chercher et de comprendre. On nous a donc demandé d’adapter le protocole national à chaque entreprise. Et là, j’ai définitivement sombré dans l’idée qu’on nous manipulait. Comment un protocole composé de conseils devient finalement une obligation du fait de la loi d’urgence sanitaire ? Toutes les règles qui permettent à notre pays d’être qualifié de démocratie n’étaient plus… Je rêvais d’un protocole souple qui permette aux gens de porter ou non le masque, et non ! Nous, enseignants, avions encore le droit de ne pas le porter, c’était encore une recommandation. Mais les jeunes, eux, devaient le porter en intérieur comme en extérieur… J’étais furieuse ! Mais il n’y avait pas à discuter, c’était le protocole. Et nous avons repris, début juin, une heure par-ci une heure par-là, je n’ai pas mis le masque et me suis donné une mission à la limite de celle d’un super héros. Vous avez le droit de rire ! J’avais décidé qu’en ne portant pas le masque et en expliquant pourquoi à mes jeunes, je finirais par leur rendre leur liberté. Ben oui, pourquoi j’étais libre de le porter et pas eux ? Je crois que je resterai toujours bisounours dans l’âme. J’ai donc repris avec des groupes incomplets, donc impossible d’avancer ou même de reprendre les compétences visées pendant le confinement, ils avaient déjà pris tant de retard… Alors on a parlé. Et je leur ai expliqué mon point de vue, je leur ai justifié tout en comparant avec les annonces médiatiques. Et surtout, je leur ai dit de lire et écouter les informations des deux côtés, celui des médias dits mainstream, mais aussi les autres, car on ne peut se faire une opinion qu’en comparant.

Septembre 2020 : la rentrée

« On a  tous le droit de juger qu’une loi n’a pas de sens ; il faut savoir expliquer son point de vue car ce n’est pas en obéissant bêtement que les choses changeront »

Je voudrais d’abord préciser dans quel état d’esprit je suis revenue. Mes parents, à la retraite, ont la chance d’avoir une maison au bord de la mer et nous passons toujours nos vacances tous ensemble là-bas. Nous sommes donc tous partis pendant un mois et demi. Nous avons retrouvé tous nos amis, nous avons profité, fait des soirées, on s’est pris dans les bras, on s’est embrassé, on a même goûté dans les mêmes verres… Et tout le monde allait bien, on est tous rentrés reboostés, en pleine forme et surtout, pas malade. Le seul hic arrivé pendant cette période insouciante fut le port du masque qui prenait de plus en plus de place… Je suis donc revenue à l’école dans des conditions d’enseignement presque normales. Je dis presque à cause du masque. J’aurai dû le porter —  cela avait été annoncé par le gouvernement —, mais non je ne l’ai pas fait. Et j’avoue que j’avais pour cela une protection. Notre protocole n’avait pas été mis à jour, donc je n’étais en rien dans l’illégalité. Cependant les apprentis devaient toujours le porter. J’ai donc accueilli les nouveaux, masqués… Alors, pour faire connaissance, je vous assure, c’est sacrément compliqué et pour créer une relation de confiance n’en parlons pas… J’ai donc de nouveau expliqué aux jeunes les raisons pour lesquelles je ne portais pas le masque. Un tout petit nombre a dit que ce n’était pas normal, on les compte sur les doigts d’une main. Ils n’ont même jamais invoqué la peur de la maladie ou quelque risque qui soit, mais le fait qu’eux aient l’obligation de le porter. J’ai d’abord expliqué que le protocole était fait ainsi et je leur ai laissé le choix. Ma porte reste toujours ouverte et je leur ai dit d’aller signaler mon comportement, s’ils en ressentaient le besoin et j’ai précisé que jamais je ne leur en voudrais, car je comprenais leur point de vue avec toutes ces incohérences. Ils n’ont évidemment pas fait quoi que ce soit à part à ronchonner pour certains et ont fini par baisser le masque. Après, en échangeant avec eux, je leur ai rappelé de ne pas oublier que même s’ils avaient du mal à le comprendre, je faisais cela aussi pour eux, pour mes enfants et pas vraiment pour moi. J’ai ajouté que j’irais jusqu’au bout et que comme moi, même si nul n’est censé ignorer la loi, ils avaient tous le droit de juger qu’une loi n’a pas de sens, qu’il fallait savoir expliquer son point de vue et que ce n’est pas en obéissant bêtement que les choses changeront. Ils m’ont alors répondu, comme la plupart des gens que je connais, que c’est ce qu’ils voulaient, tout comme leurs proches, mais qu’il y avait les amendes et le risque de perdre son travail… Voilà où on en était arrivés… Et il y avait mes collègues… On avait toujours notre petit groupe de « rebelles », pas de masque en classe pour eux. Je propose à qui veut essayer de faire la classe avec un masque et d’entendre les élèves qui parlent… Il y avait les inquiets que j’essayais de rassurer et avec qui je discutais dehors pour ne pas les effrayer sans masque. Et il y avait le groupe que j’ai baptisé « les vendus ». Ils n’avaient pas peur, il fallait juste obéir… Les pros de la balance ! De vrais collabos ! Ils m’ont même fait des remarques et je leur répondais encore et toujours pourquoi je ne le portais pas et que le protocole me le permettait. J’ai même été jusqu’à pousser la direction régionale à mettre à jour le protocole. Une réunion, en visio conférence, a donc eu lieu début novembre. J’avais obtenu que les enseignants puissent rester sans masque en classe à distance des jeunes… Mais la mise à jour n’a jamais été officialisée. Nous avons donc poursuivi et fin janvier, la balance a commencé à pencher du mauvais côté…

Janvier 2021 : le vent tourne

« J’avais oublié que depuis l’apparition de ce terrible virus, le porteur sain qui avant ne transmettait pas et permettait de « calmer » les virus est maintenant un super contaminant qui excrète des méchants virus tueurs »

Quelques jours après notre retour le 4 janvier, j’ai eu droit avec une collègue à « ma » première et unique remarque de notre directeur d’établissement. Alors que nous sortions de la salle des profs vide dans le couloir vide avec un café, il a surgi de nulle part… Et pas de bonjour mais une injonction sur un ton agressif « Mesdames ! Vos masques ! » Je l’ai littéralement ignoré, considérant son impolitesse comme tout à fait déplacée, et ma collègue lui a répondu « Non mais sérieusement on est seules ! » Il n’a rien répondu et a continué son chemin. Nous avons donc bien ri sur le coup, mais c’est à ce moment que j’ai senti le vent tourner… Et je ne m’étais pas trompée ! Ma collègue, puis une autre et un troisième m’ont annoncé que depuis quelques jours le directeur et son adjoint leur demandait de porter le masque en classe et dans les couloirs. A moi, aucune remarque. Il a même été jusqu’à leur faire la remarque devant leur classe. Comment perdre toute crédibilité devant nos jeunes ? Se faire rappeler à l’ordre tel des enfants et sur la place publique… Mais mes collègues ne se sont pas démontés. Ils ont dit qu’ils le porteraient dans les couloirs, s’il y avait du monde, mais qu’en classe c’était impossible de faire classe avec, et qu’il essaie de prendre leur place.

Le 20 janvier je reçois un courriel très informel de l’adjoint et s’ensuit une discussion sans queue ni tête, car surtout il ne fallait pas de preuves. J’ai l’habitude de cela, jamais d’écrits :
« Bonjour Maud, Quand tu as un moment, peux-tu passer me voir stp ? Merci et bonne journée. »
« Bonjour, Je passe après la pause si tu veux. A tout à l’heure. Maud. »
« Ok. »
« J’ai des bulletins à remplir et des copies à corriger… J’aimerais connaître le sujet. Merci. »
« Un problème que je voulais te soumettre ; mais tu peux passer quand tu veux, il n’y a pas d’urgence. »
« Ok je comprends mais quel problème ? »
« Le port du masque dans le CFA. »
« Ok et pourquoi en discuter avec moi uniquement ? »

Et là je réponds en mettant en copie mes collègues représentants du personnel :

« …. Je ne comprends pas cette demande informelle pour laquelle j’ai eu du mal à avoir le motif… Ce que je sais, et je ne suis pas la seule, concernant le port du masque dans le CFA, est dans le plan de reprise de fin mai, il a été transmis à tout le monde par l’employeur, j’espère. Page 7 , il est noté :

A toi d’en faire ce que tu veux, tu en as eu connaissance et il est en vigueur. Bonne réception. Maud »

Dans ce document il était bien spécifié une recommandation et non une obligation. Ils n’avaient pas mis à jour en novembre comme je vous l’ai dit précédemment. Je respectais donc mes obligations. Pas de réponse. On a juste commencé à m’éviter. Bien à eux, cela ne me dérangeait pas.

Et là le vendredi 22 janvier au soir, ma collègue la plus proche qui, elle, est très obéissante et porte le masque rigoureusement quand on peut la voir… m’appelle et m’annonce qu’elle est positive. Je ne l’avais pas vue depuis deux jours, elle s’est fait tester car « cas contact » de deux personnes positives dans sa famille — ils s’étaient réunis le dimanche précédent. Nous sommes donc sept collègues absents. Tous obéissent et se font tester, sont négatifs et moi, n’ayant aucun symptôme, je m’ennuie chez moi et attends que la semaine passe. Je ne me fais pas tester. Le conseiller de la CPAM disait que je devais, mais avait fini par admettre que seul l’isolement était obligatoire et a donc dû me confirmer qu’aucun test « négatif » ne pouvait être exigé par qui que ce soit pour ma reprise. Je reviens donc le lundi 1er février. On me parle de mon test et là je choque certains, et on me dit que je ne suis pas sérieuse. Je réponds qu’ils n’ont pas à savoir si je réalise des tests sur ma santé, qu’ils n’ont rien à savoir et encore moins à me demander concernant cette dernière et que si cela peut les rassurer, je suis en pleine santé. Un m’a dit : « mais tu es peut-être asymptomatique et tu es contaminante dans ce cas ». Ce à quoi j’ai répondu avoir oublié que depuis l’apparition de ce terrible virus, le porteur sain, qui avant ne transmettait pas et permettait de « calmer » les virus, est maintenant un super contaminant qui excrète des méchants virus tueurs. J’avoue, je me suis lâchée. Il a d’ailleurs essayé de répondre que je n’en savais rien et j’ai ajouté « Moi j’ai une formation scientifique qui me permet de le savoir et toi ? Si tu n’en sais rien, renseigne-toi. Et si cela te pose problème, ne m’approche pas ! »

Et là le mardi 2 février en début d’après-midi juste avant que je quitte le CFA, mon conjoint m’appelle pour m’annoncer qu’il vient de perdre le goût, son déjeuner s’était très bien passé mais là son thé avait un goût d’eau chaude… Imaginez ce qui a pu me passer par la tête… Pas de symptôme, des remarques qui commencent à tomber, des collègues qui jouent aux effrayés écervelés, je ne porte pas le masque, et j’en passe, que va-t-on dire… Il fallait que cela tombe sur moi… Bon, je me dis : « Tu t’en moques de ce que l’on va te dire ! Tu vas gérer ! Reste-toi et garde le cap ! » Je ne me parle pas en général… Mais là, grosse introspection… Je rentre, mon conjoint se fait tester, il est positif… On l’appelle le lendemain, ben oui, à chaque fois que la CPAM appelle, c’est le lendemain hein, ils ne savent pas faire plus vite… Et c’est à toi de dire à tes cas contacts de ne pas aller au travail, ben oui, c’est bien connu !!! Chacun d’entre nous est docteur en médecine inscrit à l’Ordre des médecins et donc apte prescrire à quelqu’un de rester chez lui… Le Covid est magique ! Mais où va-t-on ? Par contre avant, on comptait tes jours d’absence pour vraies maladies et on sous-entendait toujours que tu exagérais et pourrais éviter, car quand tu restes chez toi, tu ne travailles pas, et déjà quand tu es là, on est gentil hein, tu as droit à des pauses, mais pas trop hein ?! J’avais tout de même prévenu mon établissement de ma future absence car au minimum j’étais cas contact et ceci dès la veille, car, n’oublions pas, j’ai obtenu mon diplôme de docteur en médecine sans même bosser sur ma thèse dont je cherche encore le thème… Ce n’est donc que le mercredi que je fais un test, car vivant avec mon cas contact, j’étais obligée… J’ai cherché en vain à pouvoir faire un test salivaire, car j’ai eu une reconstruction faciale à l’adolescence suite à un accident et mon nez en a gardé des séquelles… Mais non toujours pas de tests homologués ! On préfère des PCR à 50 CT pour être certain de trouver des positifs pas malades et de faire peur aux crédules ! Je finis chez mon pharmacien, pour un antigénique, qui utilise un écouvillon pour enfant afin de ne pas me blesser le nez… Mais c’est foutu ! Il aura fait son possible, j’ai eu mal pendant plus de dix jours et depuis mon nez ne cicatrise pas… Je n’en ferai plus ! Advienne que pourra ! Je dois subir une opératoire en ambulatoire sans cesse reportée depuis février et maintenant l’anesthésiste veut que je fasse un test sinon il me renverra chez moi le jour J. Comme je lui ai répondu, si je suis malade je ne viens pas, si je ne suis pas malade je viens et sans test. Il m’a répondu de ne pas trop jouer… On verra, ce sera fin juin. Vingt minutes passent, je suis positive ! VICTOIRE ! Ben oui, sinon je devais repasser un test au bout de sept jours… Le lendemain, la CPAM m’appelle, je déclare quatre cas contacts, tous se testent et tous négatifs. Je n’ai toujours pas symptômes… Je les cherche encore… Vendredi, la CPAM nous appelle pour les enfants, soit on les teste et si positifs, isolés seulement sept jours sinon quatorze. Si on ne les teste pas : isolés d’office quatorze jours. Ben oui, ils peuvent l’attraper pendant nos premiers sept jours et puis du coup on leur rajoute sept jours d’isolement au cas où… Mais ils ne sont pas malades, mais ils ont déjà subi un confinement, mon grand au collège a connu la demi-jauge… On ne veut pas mais on se dit qu’ils seront positifs et pourront aller à l’école dans une semaine. Eh bien, pour le grand ce fut le cas, il fêtera donc ses treize ans isolé tout en étant asymptomatique comme maman, mais la puce, à bientôt sept ans, sera négative… Donc isolée deux semaines.

La première semaine passe, les garçons retournent au travail et au collège et nous les filles on reste à la maison… J’envoie des mails à ma direction, je leur dis que je suis toujours en pleine forme, personne ne me répond… J’ai les collègues au téléphone, tout va bien là-bas mais je sens qu’on me cache quelque chose, on me préserve… On retourne donc dans nos écoles respectives le jeudi 17 février à deux jours des congés d’hiver…

Février 2021 : la pression s’accentue

« Si les gens veulent se protéger, qu’ils le fassent comme ils l’entendent, mais ne l’imposent pas à autrui ! »

Le jeudi, cela s’est plutôt bien passé, j’étais prête. J’ai bien dû avoir une ou deux remarques du type « Tu vois tu l’as eu, le masque ça sert. » À quoi j’ai répondu : « D’autres l’ont eu alors qu’ils le portent, et pour ma part, à la différence d’eux, je n’étais pas malade. » Et là je ne m’attendais pas à la réponse d’un collègue qui avait jusqu’alors toujours respecté mon point de vue tout en étant très obéissant… « Ben, tu n’as pas compris, tu as eu de la chance toi ! Il y en a qui meurent ! » J’avais envie de hurler, de crier à l’incohérence de ses propos mais je suis restée calme et j’ai répondu : « Moi je me soigne, ou plutôt j’essaie de prendre soin de moi, je prends de la vitamine D tous les jours car je suis carencée depuis longtemps. Et je prends aussi du zinc au quotidien car il soulage une maladie que j’ai ! Ça te va ? Inquiète-toi de savoir si on a soigné les gens au lieu de parler de chance, car la seule chance que j’ai eue c’est d’être capable de réfléchir. Tout le monde n’a pas la chance d’être cultivé et même d’avoir la capacité intellectuelle de comprendre ce qu’il se passe ! Pardon de vouloir continuer de vivre dans de bonnes conditions et pardon d’essayer de le faire depuis longtemps ! Bonne journée et prends soin de toi ! » Et je suis partie. Il lui aura fallu un peu de recul et de m’éviter pendant quelques temps, mais maintenant il fait comme si de rien était… Et je ne lui en veux pas, je considère que je n’ai pas le droit… Leur peur, leur colère, leurs incohérences, leurs affirmations sans preuve et j’en passe — enfin ce sont mes considérations sur leurs réactions — sont légitimes. Tout a été fait pour en arriver là avec un maximum de personnes. Et comme ces personnes me disent si bien « Comment peux-tu croire que le gouvernement nous veuille du mal ? » Et je leur réponds : « Je fais une grande différence entre vouloir du mal et ne pas vouloir de bien… »

Vendredi matin, j’avais cours de 8h30 à 12h30… J’étais avec mes premières, il était 9h15… La porte de ma classe était ouverte comme toujours… J’étais assise à mon bureau, sans masque, et un de mes apprentis était debout à côté de moi, avec un masque, je lui expliquais un exercice… Mon directeur arrive masqué, entre, vient poser ses mains sur mon bureau, collé à mon apprenti qui me regarde inquiet. Je suis en train d’échanger avec mon apprenti, je ne cesse pas mon explication. Mon directeur attend, penché sur mon bureau et très proche de nous. Je finis, mon apprenti retourne à sa place et là mon directeur me dit qu’il veut me voir en dehors de la classe. Je lui donne mon accord car en temps normal, quand il se permet ce genre de choses, c’est qu’il y a une urgence. Nous sortons et je lui demande ce qu’il se passe. Il me demande d’aller dans la salle d’à côté qui est vide. Je lui refuse, j’ai mes apprentis seuls et je suis en plein cours. Il me dit que c’est important et qu’ils ne doivent pas nous entendre. Je pense donc qu’il vient d’arriver un drame et j’entre dans la salle vide. Il me demande de m’assoir. Je lui répète que je n’ai pas le temps et lui demande de me dire ce qu’il se passe. Il insiste pour que je m’assieds, je n’arrive pas à comprendre et il me demande comment je vais. Je lui réponds être en pleine forme et ajoute, comme je lui avais confié, ne pas avoir été malade. Il monte le ton en me disant : « Si, vous étiez malade ! » Je lui ai répété que non et que je lui avais envoyé des courriels à ce sujet, auxquels il n’avait d’ailleurs pas répondu. Et là il m’affirme : « Vous avez eu le Covid, vous étiez donc vraiment malade ! » J’ai commencé à sérieusement m’agacer de cette attitude et lui ai demandé s’il était médecin pour se permettre une telle affirmation et j’ai ajouté qu’il n’avait pas à se permettre ce genre d’affirmation et qu’il devait cesser, j’étais la seule à pouvoir faire ce genre de déclaration sur ma santé. Il a alors d’un coup dit : « Vous vous doutez bien de quoi je vais vous parler » sur un ton qui tendait de plus en plus vers l’invective… Et là, je comprends, nous y arrivons enfin. Je lui ai donc répondu : « Allez, parlons du masque » tout en souriant. Il me dit de ne pas le prendre à la rigolade et que c’est grave. Je réponds ne pas voir pourquoi. Il ajoute que je suis un danger pour les autres. Je lui ai demandé de préciser et là il a dit : « Avec votre comportement, vous pouvez tuer quelqu’un ! Vous avez juste eu de la chance pour l’instant ! » Là c’était la goutte de trop ! Je lui ai dit que ses accusations étaient graves, qu’il n’avait pas à se permettre cela. J’ai précisé que je respectais notre protocole qui ne m’imposait pas de le porter et que malgré cela, je faisais attention à tous ceux qui pouvaient avoir peur et que s’il n’était pas à jour ce n’était pas de mon fait car j’avais tout fait pour qu’il le soit. Il m’a répondu que le protocole n’avait plus lieu d’être et que c’était la loi, que je devais la respecter surtout qu’il avait reçu des courriers de parents et employeurs se plaignant de moi à ce sujet. Je lui ai demandé à voir ces courriers et il a refusé en me disant que je devais faire comme tout le monde et obéir. Je lui ai rappelé que je ne supportais pas le masque et il a reconnu qu’il le savait et que si je ne voulais pas obéir je n’avais qu’à « me mettre en arrêt ». Et là je suis devenue furieuse, je lui ai rappelé que j’avais une conscience professionnelle à la différence de lui et que je ne décidais pas de « m’arrêter », que seul mon médecin le pouvait et je pouvais aussi refuser. Je lui ai rappelé que pendant plus de huit mois il ne m’avait jamais rien dit et qu’utiliser le fait que j’avais été « positive » était malsain et hypocrite, d’autant que, malgré la proximité avec mes collègues – cas contact —, aucun d’entre eux n’avait contracté ce virus. Je lui ai dit qu’il ferait mieux de s’intéresser à ses salariés en cette période si compliquée, au lieu d’agir ainsi avec moi. J’ai aussi ajouté qu’il n’avait rien à m’imposer concernant ma santé, qu’il m’amène les preuves de l’utilité du masque et j’ai ajouté qu’en tant que citoyenne j’avais le droit à désobéir civilement quand je jugeais la loi irrespectueuse de ma vie sans que lui ne puisse se permettre quelque avis qu’il soit ! Si les gens veulent se protéger, qu’ils le fassent comme ils l’entendent, mais ne l’imposent pas à autrui ! Il a donc rétorqué que cela ne se passerait pas ainsi et il est parti. Je lui ai donc fait remarquer que les menaces n’étaient pas une chose que je laisserai passer.

Je suis revenue en classe, toute retournée et très en colère je l’avoue, mais soutenue par mes apprentis. J’ai joins immédiatement mon collègue élu comme moi et délégué syndical afin de lui faire part des accusations et menaces dont j’avais été victime, quand j’ai eu un double appel. C’était mon délégué régional qui venait d’avoir un appel du directeur régional. En effet, mon directeur venait de le joindre pour que je sois sanctionnée d’une mesure disciplinaire. Il voulait une mise à pied immédiate et voulait, en plus, que soit engagée contre moi une procédure de licenciement. Le directeur général ne voulait pas cela, semble-t-il, il voulait juste que je fasse des efforts et mon délégué voulait, quant à lui, que je montre l’exemple. Je devais être un modèle pour les autres. Il a aussi ajouté que le protocole n’était plus nécessaire et que nous devions suivre le protocole national. J’étais outrée. Nos établissements dépendent d’accords, nous avions passé des heures à travailler sur un protocole de reprise… Et là je devais obéir à un décret ou protocole sorti de nulle part. Et je ne suis le modèle de personne. Je suis représentante du personnel certes, mais je suis aussi représentante de ma propre personne. Je considère donc avoir le droit d’exprimer mon désaccord. J’ai donc commencé mes congés emplie de colère…

Mars 2021 : la tension à son comble

« Mon directeur disait à mes collègues que j’étais gravement malade et que c’était parce que je ne portais pas le masque »

Je reviens le 1er mars remontée à bloc et prête à me battre pour ce que je pense légitime, ma liberté de pensée et de me protéger comme je l’entends. Deux semaines se passent durant lesquelles j’apprends qu’on a monté les gens contre moi pendant mon absence liée au Covid. D’abord, mes apprentis— qui m’interpellent pour me dire « Vous avez été très malade du Covid, comment ça va ? » — deux ou trois m’ont aussi fait remarquer que c’était parce que je ne portais pas le masque. J’ai demandé de qui leur venaient ces informations totalement fausses et j’ai rétabli la vérité. Ils m’ont dit que cela venait de certains profs et de l’administration, mais je n’ai pas eu de nom… Mon directeur, je l’ai appris par des collègues choqués, disait à mes collègues en pleine salle des profs que j’étais gravement malade et que c’était parce que je ne portais pas le masque. Il leur avait servi la même soupe qu’à moi, mais il avait ajouté qu’à cause de mon comportement irresponsable et dangereux, j’avais non seulement mis en danger les gens mais qu’ils avaient aussi plus de travail… Et il semble qu’ils soient nombreux à avoir bu ses paroles diffamatoires et mensongères… Le 8 mars devait avoir lieu une réunion de CSE en visio. Comme d’habitude, j’étais derrière mon écran avec mon collègue, élu, délégué syndical et ami, et nous étions sans masque. Et là nous nous faisons interpeller par notre directeur régional — normalement très aimable avec moi, même quand je l’embête avec certains sujets — qui n’a soit disant pas de webcam sur son ordinateur. Il exige que nous mettions un masque. Nous répondons à l’unisson que nous avons toujours fait ainsi sans aucune remarque. Il répond que c’est ainsi et pas autrement. Nous ajoutons que nous sommes des amis proches et que même étant un de mes cas contacts, il n’a pas été contaminé. Il répond une fois de plus et toujours agressivement que nous devons obéir aux règles. Mon collègue propose de mettre un masque pour me soulager. J’annonce ne pas être pour ce sacrifice que je considère comme humiliant, mais le directeur ajoute que cela ne suffit pas et nous devons nous espacer de quatre mètres. Je m’agace et lui demande d’où vient cette mesure et qu’à une telle distance on n’aura pas accès tous les deux à l’écran. Il finit par dire « Vous faites ce que je dis ou la réunion est reportée. » Nous avons donc stoppé cette réunion. J’étais choquée et une fois de plus en colère.

Le 9 mars je reçois une nouvelle invitation pour le 16 mars. Je prends le temps de la réflexion et réponds au directeur par courriel en lui demandant pourquoi ce changement et je porte à sa connaissance le comportement de mon directeur de site à mon retour d’arrêt et durant mon arrêt et lui fais part de mon mal-être quant à toute cette situation autour du masque. Je n’ai jamais eu de réponse. J’ai donc tenu jusqu’au lundi 15 mars et je suis allée voir mon médecin pour lui demander de l’aide. Il comprenait pour le masque, mais ne pouvait pas m’aider. Il m’a expliqué qu’ils étaient surveillés par les employeurs mandatés par la CPAM pour signaler des attestations permettant une dérogation au port du masque obligatoire… C’est un jeune médecin, il a sa place à faire, je ne pouvais pas lui en vouloir… Il était très soucieux de l’état dans lequel j’étais arrivée et bien plus conscient que moi de la limite que j’avais atteinte. Il m’a dit « Stop ». On fait une pause et on essaie de reprendre pied. J’ai répondu que je ne voulais pas, car j’avais déjà été absente trois semaines pour mes apprentis à cause du Covid et sans même avoir été malade. Il a été malin et m’a fait reconnaître que j’avais du mal à faire la classe et qu’à la maison cela commençait à aussi aller mal à cause de mon mal-être. Il m’a dit : « On fait une pause avec le boulot qui ne veut rien entendre et on va prendre quelque chose pour aider à remonter la pente. » Il a ajouté que je pourrais aller plus loin en réunissant des personnes comme moi, pour qu’on raconte nos histoires ou encore mieux pour qu’on éveille les autres, pour manifester les conséquences de toutes ces mesures ridicules… J’ai donc accepté une semaine d’arrêt et non deux comme il le voulait, mais je lui ai promis de revenir si cela n’allait pas mieux et je suis allée à la pharmacie chercher mon Xanax. Ben oui, le secret médical n’est plus, alors autant le dire à tout le monde hein ?! J’avais droit à trois cachets par jour mais je n’en ai pris qu’un demi le soir. J’ai mieux dormi, j’ai repris un peu de forces. Jai emmené ma fille à l’école. J’ai fait des balades avec les chiens. J’ai repris sérieusement mon potager et j’ai mis de côté le Covid, les médias diffuseurs de mensonges et même ceux qui permettent d’être éclairé… Mais il avait raison, une semaine c’était un peu court… Alors je suis retournée le voir le 23 mars, il a ri en me disant : « Vous voyez, des fois c’est moi qui ai raison ! » Et là, le jeudi 25 mars, un avis de passage pour un recommandé, j’étais allée chercher ma fille… Ma poste était fermée jusqu’au lendemain. De quoi stresser ! Je connaissais l’écriture, je pensais à ma direction régionale, mais pas convaincue… Et ni une ni deux, c’était bien eux : un gentil petit rappel à la loi…

J’étais en train de me ressaisir, j’étais même prête à complètement lâcher prise par rapport à tout cela. Je me savais incapable d’abandonner cette intime conviction qui me criait très fort de me battre contre tout cela et que je devais aider certains à s’éveiller, à réfléchir de nouveau par eux-mêmes et surtout à se faire un avis seul en ne prenant plus rien pour argent comptant… Mais j’étais prête à arrêter de me battre pour des gens qui ne veulent pas voir… Mais ce courrier m’a remise en selle et, bien au contraire, j’étais enfin prête à aller au bout !

Mon directeur régional n’avait pas répondu à mon appel au secours, je m’en moquais complètement. Mon directeur de site voulait ma peau, je m’en moquais. Des collègues jouaient avec moi, je m’en moquais. Des apprentis et/ou parents et /ou patrons s’étaient plaints, je m’en moquais. On ne me comprenait pas, je m’en moquais. Moi, je savais pourquoi je me battais ! Pour mes enfants ! pour moi ! pour mes parents ! pour mes apprentis ! pour mes amis ! pour tous ceux qui en avaient envie ! Je n’allais pas arrêter ! Je ferais tout mon possible pour être entendue et surtout comprise ! Je me préparais donc à revenir le 6 avril, après le week-end de Pâques… Mais le mercredi 31 mars, BOOM ! Tout s’écroule ! On est de nouveau confinés et, surtout, les écoles ferment ! J’accuse le coup et dès le lendemain, j’attends des nouvelles de ma direction pour l’organisation du travail, mais rien n’arrive… Il faut que je les interpelle le vendredi, car toujours pas de nouvelles, alors même que je suis en toujours en arrêt et que les collègues seront en week-end à 12h30 et qu’ils ont le droit à décrocher du boulot… Mon directeur de site ne répond pas pour changer. Je contacte mon directeur régional, le Big Boss et rien non plus. Et d’un coup, j’ai mon délégué régional qui me contacte. Il a vu avec le directeur régional et il faut que je signe le PV d’une réunion extraordinaire à laquelle je n’ai pas participé, mais pour laquelle je dois donner mon accord pour le télétravail durant trois semaines et surtout le décalage de notre semaine de congé pour être en accord avec l’obligation faite par le gouvernement d’avoir tous les mêmes congés… Je lis, je ne vois pas de loup, je veux que mes collègues soient rapidement tenus au courant donc je signe… Et là l’information doit redescendre de notre directeur de site pour informer les salariés mais non… Il faudra attendre 16 heures passées pour être informés d’une organisation ridicule. Il faut savoir que nos jeunes sont en alternance sur trois semaines et là on nous annonçait : préparation des supports pour l’enseignement à distance le mardi, formation à distance à compter du mercredi et les deux semaines suivantes formation à distance pour l’enseignement général, mais sur site pour la partie professionnelle…

Et là, nous avions de nouveau perdu nos jeunes. Ils n’ont rien fait pendant ces trois semaines et les examens approchaient. Et n’oublions pas que les examens allaient s’organiser normalement… Mes CAP sont évalués suivant les modalités de contrôle en cours de formation, donc par nous et avec nos supports. Donc là, c’est facile. Autant vous dire que c’est cadeau, ils auront tous leurs diplômes ! Mais pour les autres, les brevets professionnels et les bacs professionnels qui sont évalués par un examen final et ponctuel traditionnel… cela allait se corser…

Mai 2021 : les examens

« J’ai réalisé que j’étais capable du pire pour permettre un avenir à ceux que j’aime »

Mes apprentis commencent à passer leurs épreuves, ils ne sont pas prêts, ils le savent… Certains examinateurs de l’Education nationale diront même à mes bac pro, quand ceux-ci diront ne pas avoir vu le thème du TP, qu’ils devraient se plaindre au rectorat, car je n’ai pas fait le programme de sciences… Ils me défendront et donneront tout lors de cette épreuve pour montrer que je leur ai apporté cela : la réflexion, l’analyse, la confiance en soi et l’intérêt de la démarche scientifique. Je suis si fière d’eux !!! Ils auront donc très clairement perdu pas loin de la moitié de leur temps de formation, auront gagné un stress jusqu’en juillet ,car ils ne sont pas convaincus d’avoir réussi…

Je continue de ne pas porter le masque. On ne me dit rien. Même mon directeur de site est de nouveau aimable… Mais je ne suis pas dupe, rien n’est passé pour moi… Je n’oublierai pas la bassesse des gens. Je ne fais pas de mal moi, j’observe, j’attends, ils finiront bien par réaliser. Cette crise aura permis deux choses pour moi : que les belles et les mauvaises personnes se révèlent, mais aussi de réaliser que j’étais capable du pire pour permettre un avenir à ceux que j’aime… Je refuse de partir en sachant que je n’ai rien fait. Nombreux sont ceux qui diront que mon témoignage est ridicule, que je me plains, alors même que ce n’est pas justifié et j’en passe…

Mais je m’en moque, mes enfants auront un bel avenir, mes parents passeront encore de nombreuses années heureux et je continuerai à former mes apprentis aux maths, aux sciences mais aussi et surtout à tenir le coup dans cette vie qui se dégrade et qu’il faut de nouveau rendre belle. Mon nouveau combat : mes jeunes qui se font vacciner… Non pas pour aller en vacances comme ils le disent, mais pour nous rendre une vie meilleure comme ils me l’avouent et le souhaitent tant… Ils n’ont pas à prendre cette responsabilité !

Propos recueillis par Yoann pour Le Média en 4-4-2

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